Vélosolex 1010, qu'a t'il de plus que les autres ?

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1956, crise de Suez. De nouveau l'essence est rationnée comme elle l'était quelques années plus tôt.

Il faut l'économiser par tous les moyens,  elle est si difficile à se procurer.

En réponse le 660 est modernisé et devient le 1010 dont la commercialisation débute en avril 57.

Adieu piston à déflecteur, bonjour balayage en U. Bienvenue dans le monde du silence.

Concrètement ça change 2 choses :

1. Le couple moteur maxi est légèrement plus important, du fait du meilleur rendement,  et surtout il est disponible sur une plus grande plage de régime.
Sur la route ça signifie que les aptitudes en côte sont un peu meilleures, et qu'on peut aider le moteur pour améliorer ses moyennes sans se fatiguer.

Rappelez vous que le moteur 330 du vélosolex 660, lui, ne devait être aidé en côte qu'à son régime de couple maxi sous peine de faire tout de travail à sa place si il tourne plus vite.

Bref, le moteur 1010 est plus linéaire et donc plus efficace.

2. L'échappement change drastiquement

À chaque cylindre son échappement. Les 2 sont accordés, ils ne vont pas l'un sans l'autre.
Puisque le cylindre change,  l'échappement aussi et c'est là que nait le pot en S qui sera quasiment décliné en autant de versions qu'il y aura de types de cylindre.

Dans un premier temps les gaz sont curieusement expulsés par le dessous en direction de la chaussée,  pas top pour les godasses, mais très rapidement ils seront de nouveau orientés vers la bavette comme sur le 660.

Le nouveau silencieux d'admission,  conjointement à ce nouveau silencieux d'échappement,  rendent par leurs efforts conjugués ce moteur particulièrement silencieux.

En effet, le silence d'une telle mécanique n'est pas seulement du à son échappement et il suffit de rouler 1 minute sans silencieux d'admission pour s'en convaincre.
Beaucoup appellent cette pièce le filtre à air.  Que nenni le filtre c'est le cylindre en toile synthétique à l'intérieur.

Bref, tout est fait pour limiter le bruit et c'est particulièrement réussi : pour un moteur qu'on a sous le nez, ou plutôt les oreilles, par rapport à un moteur caché derrière des capotages et près du pédalier,  la perception du bruit n'est pas vraiment la même.

On a donc un moteur efficace,  capable si elles ne font pas 3km d'avaler des côtes déjà impressionnantes pour son malheureux demi cheval de puissance,  silencieux,  et ce monté sur le meilleur cadre jamais fabriqué.

Les grandes roues déjà sont gage de confort. Ceux qui ont manipulé une poussette canne dans une allée gravillonnée n'ont pas besoin qu'on leur explique,  ils connaissent le calvaire.

Ensuite,  les pneus demi ballons offrent un excellent compromis entre confort et réactivité. Ni trop mous, ce qui rend la direction pataude,  ni trop durs, pour bien gommer les bosses.

Le cadre quant à lui est tout simplement génial. Sa poutre en fort tube cintré est la clef de son efficacité et c'est grâce à elle que tous les solex à cadre à silhouette harmonisée sont à la fois souples et rigides. Ça ne paraît pas comme ça, mais c'est un vrai exploit !

Cette poutre fléchit, c'est à dire qu'elle fait un peu ressort entre l'avant et l'arrière du solex pour bien avaler les bosses, mais elle ne vrille pas.

Elle ne vrille pas,  c'est à dire que l'avant et l'arrière du solex sont liés de manière rigide,  tout le solex suit instantanément ce que décide le pilote. Si on penche l'avant,  l'arrière penche lui aussi sans délais. Ces qualités hélas disparaîtront avec les cadres à poutre emboutie (3300, 3800...)

La fourche avant également est bien rigide. La roue suit le guidon sans délais.

Nous avons donc un bon moteur, certes pas le plus puissant,  mais le plus silencieux, monté sur un bon cadre, le dernier à grandes roues, de fait toujours plus adapté aux pilotes de grande taille.

En prime ce cadre est ergonomique,  il sait se faire reposant : un marchepied autorise une position de conduite plus confortable,  particulièrement l'hiver où il est appréciable de pouvoir serrer les genoux qu'ils se tiennent chaud.

C'est donc au doigt et à l'œil,  en confort et en silence,  que le 1010 emmène les grands comme les petits, tranquillement, à  30kmh.

En outre, le moteur sans embrayage est sensiblement plus compact, plus léger, il se ressent un peu moins dans le guidon si on peut dire. L'agrément et par là le plaisir de conduite, nécessairement, s'en trouvent notoirement augmentés.

Alors certes ce vénérable vieillard de 66 ans n'est pas le meilleur grimpeur. Le 1700 de seconde génération est plus doué que lui, ainsi que les modèles qui vont suivre. Ils sont plus puissants... et plus bruyants.

Il n'est pas non plus le plus pratique en ville si il y a beaucoup de circulation : l'absence d'embrayage contraint à couper le moteur à chaque arrêt.
Mais il repart d'un simple coup de pédale et est maniable dans la circulation.

Là où il est imbattable,  c'est à petite allure dans les petits chemins, à slalomer entre boue et flaques, éviter les pierres ou les racines d'un petit chemin au cœur de la forêt où il n'effraie ni les petits oiseaux qui vous enchantent de leurs gazouillis,  ni la biche qui surprise de vous voir s'arrête de manger et vous observe pour évaluer le danger.

C'est qu'il est conçu pour ça,  notre brave 1010 : en 57 seuls les grands axes sont goudronnés.
Nombreuses sont les départementales qui n'ont pas encore été redressées au bulldozer dans cette campagne bucolique qui n'a pas encore subi la folie du remembrement.

C'est pour ces petits chemins d'avant le "tout voiture", d'avant le dieu vitesse,  qu'il a été conçu.  Il y est imbattable.
S'en priver parce qu'il est moins à l'aise en ville qu'un modèle à embrayage,  ou moins à l'aise en côte que le plus bruyant 3800 qui mouline pour y parvenir,  ce serait se priver de ce que le vélosolex peut offrir de meilleur.

Je ne me souviens plus du bruit de ce modèle mais ce dont je me souviens et que je constate encore, c'est que sa ligne est très sympathique. Ces grandes roues y sont probablement pour quelque chose. Je te fais volontier confiance sur les mots choisis ; ils doivent refléter une réalité. Il me tarde de pouvoir en essayer ...

..encore une belle descrption qui augmente mon impatience a compléter mon cadre.....le moteur est déjà prêt.
Comme je le dis parfois, tu es incontournable.

C'est que ça prend de la place, de tous les avoir.
Mais c'est le prix à payer pour pouvoir les essayer tous.
Changer de modèle chaque mois, par exemple, en ne respectant surtout pas la chronologie pour mettre en lumière les qualités respectives, les bénéfices des petites améliorations, ou le regret pour certaines.

Par exemple être habitué à un 45cc de 1952 et sauter sur la selle d'un micron donne l'impression curieuse d'être sur un engin de course : tellement plus vif, tellement moins confortable.

J'en ai justement testé un la semaine dernière de Micron . La dernière fois c'était il y a 3/4 ans à Yzeure ! Je n'avais pas un souvenir extraordinaire de cet engin et lundi je me suis surpris à être satisfait agréablement. La position n'était pas détestable, il grimpait bien et sans bidouille.

En posséder de chaque, comme tu le dis, il en faut de la place..

Le micron n'est pas si différent des autres, c'est agréable si on lui demande ce qu'il sait faire.

J'attends les jours prochains pour lire ton avis sur cette machine et son utilité ; pour quoi était-elle prévue ? pour quelles personnes ?

J'ai pas prévu d'en parler, mais je peux y réfléchir.

"En voila une idée qu'elle est bonne" !