Sauver/ correctement remonter une pompe à essence

Je viens de voir sur youtube une vidéo qui m'a fait sortir de ma culotte à reculons comme disait le Bombé au Glaude : massacrer une pompe quand on aurait pu la sauver.  

Une pompe de 3800 dont le gars saute le couvercle avec la bonne méthode, en douceur, pour y aller comme un sauvage ensuite.

Attaquer lâchement une pompe sans défense avec des vis à bois ! Quelle sournoiserie !  

Et bien moi je vais la défendre, cette brave pompinette.  

C'est très rare qu'on soit obligé de remplacer des sièges de billes (de bonne qualité) par des neufs (d'une qualité somme toute assez aléatoire), vous allez vite comprendre pourquoi.

Sur toute pompe antérieure au 3300 le couvercle se dépose facilement, après à partir du 3300 il ne se dépose plus par des moyens normaux mais il se dépose tout de même, ça a son importance.

Premier réflexe face à une pompe qui ne travaille pas : la démonter du moteur.

Ensuite, pompe dans le bon sens comme si elle était montée sur le moteur :

Testons le clapet à bille d'admission :

-souffler à la bouche (c'est pas sale, faites pas la grimace) par le conduit du bas (réservoir) : l'air doit passer.
-aspirer par ce même conduit : l'air ne doit pas passer.

Testons le clapet à bille de refoulement :

- conduit du haut, vers le carbu, c'est le contraire : aspirer est possible, mais pas souffler.


Si le clapet à bille d'admission est bloqué fermé, un petit coup de soufflette par le conduit du bas
Si il est bloqué ouvert, un petit coup de soufflette par le trou coté membrane, au dos de la pompe, avec un doigt qui bouche le conduit du haut.

Si le clapet du haut déconne, un coup de soufflette par le dos de pompe conduit du bas bouché par un doigt, et généralement ça le fait. Au pire tapoter la pompe...

Si le clapet du bas ne veut pas se décoller avec un petit coup d'air comprimé, et c'est là que je ne suis pas d'accord avec internet, il est possible d'aller décoller la bille manuellement. Il n'y a pas besoin de massacrer le siège de la bille de refoulement pour accéder à la bille d'admission.

Il suffit de déposer le couvercle (à l'acétone et au décapeur thermique pour les pompes 3300 -> fin), de prendre un trombone, de le courber un peu, et de pousser la bille par le conduit d'admission. Comme ceci :

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Clapet du haut collé, on peut tenter de le titiller avec un cure dent, mais souvent claquer un petit coup sec la pompe sur le maillet en plastique décolle la bille. Patience et acétone, air comprimé, petit choc sec.... Répéter autant de fois que nécessaire : la valeur d'une pompe d'origine en fiabilité est inestimable.

Une fois les clapets débloqués, on referme la pompe (vernis à ongles de madame pour 3300 -> fin) et on la met au banc une heure ou deux avec un carburant détergeant (par exemple un dé à coudre de nettoyant carburateur dans un petit verre de mélange)

Pour l'étanchéité du couvercle je reprécise bien, méthode du vernis à ongles ayant fait ses preuves, et RÉVERSIBLE. Si il faut redémonter la pompe on prend l'acétone...

On a ainsi une pompe dont les sièges ont une chance de se nettoyer correctement en profondeur, pour assurer de nouveau un bon, long, et loyal service.

Si on a pas de banc, on laisse tremper dans l'acétone en soufflant régulièrement gentiment les conduits pour évacuer l'acétone chargé de gommes dissoutes, que de l'acétone propre prenne sa place : un solvant ne peut dissoudre qu'une quantité maximale de crasse, une fois saturé il ne se passe plus rien sinon on ne jetterait pas l'eau de la vaisselle...

Bien entendu prendre toutes les précautions d'usage avec les produits chimiques.

Maintenant, le remontage.

Là, j'ai vu un peu tout et surtout n'importe-quoi.

La bonne méthode est :

Poser le siège et l'emboiter sur le téton du carter, face creuse à l'extérieur donc côté membrane.
Taper sur le centre du siège, gentiment mais assez fort quand-même, pour ça poser un manche de tournevis beau propre et rond au centre du siège et paff un petit coup sec avec un maillet, et je dis bien avec un maillet
pas une masse de 5kg.

Le téton doit être à ras du siège, normalement, et parfois même un peu sorti.
Si le siège (un vrai, pas une refab, uniquement un vrai en bon état) ne tient pas sur le téton, sortir un gros pointeau et d'un petit coup sec de maillet épanouir légèrement le téton (c'est écrit dans un vieux document solex que je ne retrouve pas)

Une fois le siège coincé sur le téton, mettre les 4 vis sur la pompe, de manière à pouvoir mettre la membrane sur la pompe : les vis la tiendront.

Approcher la pompe du siège et laisser faire les vis : elles vont traverser le siège, et une fois contre le carter elles n'avancent plus, la pompe avance toute seule avec sa membrane : la pompe est alors en place, la membrane est en place, il n'y a plus qu'à visser.

Visser, en croix (sauf vieux 45cc) les 4 vis de la pompe.

Engager le tuyau de refoulement dans la pompe, mais pas sa vis creuse.

Approcher le réservoir en présentant son tuyau dans l'admission de la pompe, faire prendre un peu sa vis creuse.

En tenant le réservoir, mettre ses vis avant et inférieure d'une paire de tours.

Visser la vis creuse du réservoir à fond, mais pas comme une brute.

Parachever le montage du réservoir en guettant toute vis bizarrement devenue dure : ça voudrait dire que le réservoir est tordu, il faut réparer.

Monter la vis creuse du tuyau de refoulement de la pompe et la serrer.

Vérifier tous les serrages.


L'explication de cet ordre précis :

On commence par assembler ce qui doit être absolument étanche, pas ce qui est annexe. C'est comme monter un échappement de mobylette, on commence au cylindre et on finit au bras oscillant mais surtout pas le contraire.
Ou comme laver un mur au jet d'eau : on commence par le haut sinon la crasse coule sur ce qu'on vient de laver... Un peu de bon sens tout simplement.

Pour notre pompe on la remonte donc toute seule sans contrainte, on la présente droite pour ne pas ruiner les efforts de montage sur le téton du carter de notre siège de membrane, ce qui a toutes les chances d'arriver en la glissant en crabe pour avoir eu la flemme de déposer un réservoir et un tuyau.
Quand la pompe est bien assise, on vient mettre la vis creuse du réservoir, sans que le réservoir ne puisse tirer dessus. Et surtout sans la vis creuse du tuyau de refoulement qui réduit considérablement le débattement de la clé à fourche de 9 au niveau de celle de réservoir.
Puis on monte le réservoir, qu'on commence à avoir marre de tenir dans la main, et on termine par la vis creuse pour laquelle la clé a beaucoup de débattement et qui normalement est toujours facile à poser : ce tuyau peut fléchir, ce qui permet de présenter la vis correctement.


Un banc d'essai pour pompes fraichement remontées :

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L"essence d'un petit bocal tourne en boucle dans la pompe, avec un peu de produit nettoyant.